Bulle de carbone à l’AG d’UBS : Campax demande une régulation financière efficace
Le projet de rachat du Crédit Suisse par l’UBS va créer un colosse financier nuisible au climat. A l’occasion de l’assemblée générale de l’UBS, nous avons, avec d’autres organisations climatiques, attiré l’attention sur les risques financiers de la stratégie de l’UBS en matière de climat et de biodiversité en présentant une énorme bulle de carbone. Cette action souligne l’urgence d’une réglementation financière efficace.
Après le naufrage de Credit Suisse et sa reprise précipitée, l’Assemblée Générale d’UBS est l’occasion d’un indispensable débat sur la stratégie de la banque et sur le fonctionnement du système financier Suisse. « Au fil de nombreuses actions, le mouvement climat suisse a dénoncé la dangerosité d’acteurs bancaires dominants dérégulés et court-termistes. L’intérêt général commande que le système financier suisse fasse l’objet d’une reprise de contrôle démocratique et d’une régulation stricte. » dit Julia de Campax.
Une reprise opérée dans des conditions démocratiques déplorables
Credit Suisse a sombré dans un océan de prises de risque inconsidérées et de scandales. C’est notamment l’une des deux banques ayant provoqué la crise de la dette du Mozambique via un prêt illégal et corrupteur se soldant par la plongée dans l’extrême pauvreté de 1,9 millions de personnes, sur fond de ruée sur le gaz et de patronage Qatari. Le scandale à déjà couté quelques 700 millions et les poursuites consécutives ne sont pas terminées.
C’est dans ce contexte délétère et pour faire face à ces coûts en lieu et place d’UBS que pas moins de 9 milliards d’argent public ont été gagés par le Conseil Fédéral. « Le Conseil Fédéral fait plus que de tolérer des choix stratégiques déplorables. Il les avalise et nous les fait prendre à notre charge, grévant ainsi le budget fédéral dont il ne cesse pourtant de rogner la capacité à faire face aux urgences sociale et écologique. Il est dans l’intérêt général que le système financier suisse soit à nouveau soumis à un contrôle démocratique et à des réglementations strictes » considère Christian Lüthi directeur de l’Alliance Climatique.
UBS redoutable géante Too Big to Stay
UBS devient la 4eme banque privée mondiale avec 5000 milliards d’actifs sous gestion. Son poids systémique est considérablement accentué. « Les règles de régulation prudentielle insuffisantes et les garanties étatiques d’un État de petite taille comme la Suisse ne feront pas le poids lorsqu’une prochaine crise fera vacciller la banque géante. UBS n’est pas Too Big to Fail mais bien Too Big to Stay » affirme Frida du Collective Climate Justice.
Un titan de la finance fossile faisant gonfler la « bulle carbone » mondiale
Un nouveau rapport prouve qu’entre avril 2021 et août 2022 UBS et Credit Suisse ont fourni 8 milliards de prêts et souscription à des firmes développant le pétrole, gaz, charbon. Leurs branches gestion d’actifs détenaient 19 milliards dans ces entreprises.
Les politiques d’exclusion et d’engagement actionnarial d’UBS sont parmi les moins crédibles d’Europe continentale. UBS a ainsi voté en 2022 contre le plan climat de Glencore qui développe de nouvelles mines de charbon, mais continue de lui fournir du financement.
« L’absorption du Credit Suisse par UBS va créer un titan de la finance climaticide soutenant l’expansion des énergies fossiles, dès lors très exposé aux risques de la « bulle carbone » et du chaos climatique (+8 milliards d’exposition) mais aussi à la corruption et aux arrangements opaques qui caractérisent le secteur des fossiles » Emiliana du Collectif BreakFree Suisse.
La Suisse doit regarder en face les causes structurelles du naufrage du Credit Suisse, reprendre le contrôle sur son systeme financier et entreprendre sa régulation stricte.